L'interview
Dans cet entretien, Jean-Gabriel, notre directeur de production, partage les coulisses d’un atelier où la qualité ne se négocie pas
et où la créativité ronronne avec la tenue des délais. De son parcours dans l’imprimerie familiale à sa vision du métier, il nous parle
de contrôle qualité, de flexibilité, de planning millimétré… Une plongée dans le quotidien de notre imprimerie marseillaise, qui imprime
pour les pros, avec le cœur et la tête.
Directeur de la production, quel est ton rôle chez Matoubrillant en quelques mots ?
J’aime bien l’image du chef d’orchestre : le coordinateur qui donne le tempo et permet à chacun de jouer au mieux sa partition. Au-delà
de la métaphore, ma mission consiste à veiller à la conformité des productions, internes ou sous-traitées, au respect des délais et
de la qualité attendue. En plus de ces piliers régaliens, il y a aussi les négo. fournisseurs, la formation, la maintenance des machines
et, comme dans toute bonne PME familiale, de la gestion administrative, financière et commerciale... Et mille autres composantes de
journées bien trop courtes, même si elles commencent (assez) tôt et qu’elles finissent (bien) tard.
La qualité ? Une question de conformité aux attentes. Le secret : se mettre dans la peau du client, pour qui la perfection est tout
juste acceptable.
Peux-tu nous parler de ton parcours professionnel en trois étapes ?
Etape 1, le démarrage :
Lorsque j’ai rejoint mon père et mon frère en 1992 (à 21 ans) pour développer le business, c’était une petite boutique de reprographie.
Et me voilà découvrant FileMaker, l’informatique, le publipostage, la distribution de tracts sur les pare-brise et dans les boites
aux lettres, les reliures par centaines pour le lendemain, les machines qui tombent en panne à minuit…
Etape 2, le décollage :
A force de satisfaire les clients, ils reviennent. La boite grossit, les machines se multiplient, la première presse offset, il faut
s’organiser. Répartition des rôles, passage au mode industriel, mise en place des procédures. Bref, la professionnalisation, et les
expériences qui alimentent le bagage métier.
Etape 3, l'ère digitale :
La révolution numérique n’a pas épargné notre métier. Les premiers imprimeurs proposant un site e-commerce ont explosé, les autres
ont beaucoup périclité. Nous avons mis du temps, mais nous y sommes enfin parvenus en 2022. Nous voilà face à de nouveaux modes de
communication et de production, qu’il faut sans cesse réinventer. C’est là toute la magie d’un métier où l’on ne s’ennuiera jamais
!
A quoi ressemble une journée type dans l’atelier ?
Tout d’abord, un p’tit café. Ensuite, un p’tit tour d’atelier pour en respirer l’atmosphère, découvrir l’état dans lequel on l’a laissé
la veille (on ne voit plus rien en fin de journée !), et ranger ce qui doit l’être avant de remonter sur le ring. Concertation avec
les premiers arrivés, on ébauche une trame de planning pour les hommes et les machines, et en avant Guingamp ! En cas de coup de bourre,
c’est journée atelier. Sinon, un pied dans l'atelier, un oeil derrière l'ordi : j’ai 800 mails en retard, les fameux “non-urgents”,
qui touchent aux achats, à l’administratif, à l’optimisation, au marketing... Sachant que je suis sollicité à chaque situation insolite,
de la panne informatique à la commande de papier qui n’arrive pas, un chaton égaré sous les palettes... Ce que je préfère ? Les coups
de bourre !
Nous voilà face à de nouveaux modes de production, qu’il faut sans cesse réinventer. C'est là toute la magie de ce métier !
Si tu étais un produit imprimé, lequel serais-tu et pourquoi ?
Un accroche-porte, avec écrit des deux côtés : “Ne pas déranger”. Je ne dirai pas pourquoi, vous l’aurez deviné !
Peux-tu nous raconter une “galère technique” transformée en victoire d’équipe ?
On relève de drôles de défis, chaque jour. A chaque fois qu’on arrive à outrepasser les capacités de nos machines, à produire des
documents qu’on n’aurait pas dû pouvoir sortir, on est un peu fier, comme on dit à Marseille. “Ils ne savaient pas que c’était impossible.
Alors ils l’ont fait.” Mark Twain.
Le truc qui te fait ronronner quand tu arrives le matin à l’atelier ?
La p’tite musique de l’imprimante qui démarre (réservée aux initiés).
Peut-on vraiment tout personnaliser ? Jusqu’où peut aller la créativité ?
Aujourd’hui, oui, quasiment tout. Il existe de nouvelles générations d’imprimantes jet d’encre permettant d’apposer un marquage sur
des objets en volume, gros comme des ballons de football. Avec la technique du covering (impression sur vinyle extra souple), vous
pouvez complètement rhabiller votre voiture, votre camion, votre avion (vous n’avez pas d’avion ?) avec les couleurs et les motifs
de votre choix, y compris avec des effets de texture (mat ou brillant, bien-sûr, mais aussi sablé, nacré…). La créativité n’a pour
seule limite que celle de notre imagination ; il reste à espérer que l’émergence de l’Intelligence Artificielle ne sabre pas ceux qui
parvenaient à en vivre jusqu’ici.
Ton petit rituel avant de lancer une grosse prod’ ?
Re-balayer tout le dossier de fab’, en repartant des premiers échanges par mail avec le client, histoire de ne pas oublier de prendre
en compte le petit détail qui tue et qui n’avait été évoqué qu’une seule fois, au tout début du dossier.
Quand on arrive à outrepasser les capacités de nos machines, à produire des documents qu’on n’aurait pas dû pouvoir sortir, on est
"un peu fiers" !
Comment fait-on pour garantir une qualité irréprochable quand les clients sont pressés 🍋 ?
Ne pas confondre vitesse et précipitation. Rester vigilant à chaque étape de fabrication. S’auto-contrôler en permanence, vérifier
ce qui a été fait en amont par les copains, prendre en compte les contraintes techniques des prochaines étapes, anticiper pour pouvoir
dérouler sans encombres.
Quelles sont les méthodes mises en place pour assurer un contrôle qualité rigoureux ?
Il faut d’abord définir en quoi peut et doit consister un contrôle qualité. De l’époque où nous étions certifiés ISO 9001, au début
des années 2000, j’ai retenu que la qualité était en fait une question de conformité aux attentes. Elle n’est pas intrinsèque, car
elle s’avère relative aux critères et au niveau d’exigence du client. Le secret : se mettre dans la peau du client, pour qui “la perfection
est tout juste acceptable”.
Plutôt chat de gouttière débrouillard ou persan perfectionniste ?
Chat de gouttière, débrouillard et un peu perfectionniste quand-même. Mais pas persan pour un sou. A cause de la moustache…
Quels sont tes prochains objectifs pour l’imprimerie et l’équipe de production ?
Pour l’imprimerie : savoir rester au contact et évoluer en accord avec les besoins de nos clients, voire les anticiper. Qr-code, réalité
augmentée, puces NFC, le digital et le numérique se marient très bien, avec un peu de malice et beaucoup de technique. Pour l’équipe
de production, leur mettre à disposition des outils nouveaux et performants afin qu’ils puissent étendre leur domaine de compétence
et laisser gambader leur créativité toujours plus loin.